Drôle d'endroit (Privé Soran)

Drôle d'endroit

Le soleil se levait à peine sur les terres du milieu et baignait le champ de humanoïdes d'une lueur orangée. Quelques nuages blancs traversaient le ciel coloré poussés par le vent qui venait tout droit du Sud. Les insectes farfouillaient dans le champ et brisaient le silence du crépuscule.
Amadeus sortait tout juste de l'allée et dominait le champ, sa robe noir comme la nuit était éclairée par le soleil levant, lui donnant ainsi tout son éclat. Droit et calme, il demeurait immobile, se plongeant dans ses pensées, son regard était rivé sur l'horizon. Quelques minutes s'écoulèrent ainsi, sans qu'il ne bougeât.
Soudain, comme sorti de sa reverie, il secoua imperceptiblement la tête et se mit en marche, les vegetaux pliaient sur son passage, ses sabots marquaient la terre dans un bruit sourd.

Quelque chose en dehors de sa présence et des insectes, brisait le silence de l'endroit, mais l'étalon noir ignorait encore ce que c'était. Il s'arrêta, regarda autour de lui mais ne vit rien que l'herbe qui s'étendait à perte de vue. Il se remit en marche, gardant son calme légendaire. Puis petit à petit il decela une odeur familière, il s'arrêta de nouveau leva la tête pour humer l'air. Même avec ce détail, il n'arrivait toujours pas à savoir qui c'était ... Soudain, une voix se fit entendre, il se raidit un instant et fit volte face. Soran, son frère se tenait devant lui, il se détendit tranquillement, puis lui répondit :

-Soran ! Tu m'as fait peur. Je vais bien. Et toi ?

Amadeus était content d'avoir retrouvé son grand frère après tout ce temps. Surtout qu'il l'adorait, il l'admirait quand il était petit, Soran était une sorte de ... Model.
Ses yeux brillaient de satisfaction à l'idée de le retrouver ici. Il répondit à la constatation que son frère avait fait :

-J'ai vu ça, ça fait plaisir à voir d'ailleur.

Quelque chose le tracassait cependant ... Comme ils ont toujours été proche, il en fit part à Soran :

-Tu as revu One ?

Amadeus frissonait rien qu'à l'idée de devoir encore affronter One, ça lui était insupportable, encore des morts pour peu de chose. C'était inhumain. Malgré ces pensées macabres, le frison ne perdait pas son calme. One préparait quelque chose ? Très bien, Soran et lui ne le laisserait jamais faire. Il répondit avec une voix qui n'exprimait que le calme, aucuns d'autres sentiments :

-Je n'ose pas imaginer quoi, tu sais ... J'avoue avoir peur de subir les mêmes conséquences qu'autrefois.

-Moi aussi .. Tout ce sang, tous ces blessés, tous ces regard suppliant, ces poulains qui ne demande qu'une chose, vivre ....

Soran se mordit les lèvres. Si 0ne faisait sa, ce serait vraiment horrible. Il ne pourrais pas lui pardonner. Son cœur se serra. Puis, il ne se rendit pas compte qu'il pensait tout haut ...

-Papa ne doit pas être fier de nous ....

Il soupira, sourit à Amadeus. Comme lui, il était calme et serein, malgré le doute.

A la première phrase de Soran, le frison frissona. Les souvenirs défilaient, tous aussi horribles les uns que les autres, il n'arrivait pas à oter ces images là, c'était un véritable cauchemar.
Il secoua la tête pour chasser tout cela, puis se reconcentra sur son frère. Sa seconde phrase fut très juste, Amadeus le savait et parfois il y repensait à contre coeur. Durant les minutes qui suivirent,

-Je pense aussi...

Un silence se fit entre les deux frères. Soran s'était rapproché de son frère, et regardait le ciel, comme si il était persuadé que son père les regardait en ce moment. Il chassa les images de la guerre de sa tête en s'ébrouant, et dit, pour se changer les idées :

-Et si on marchait un peu ?

Il sourit, espérant pouvoir se changer les idées et parler avec son frère. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'était pas parlés, et Soran se rappelait encore leurs bêtises quand ils étaient jeunes, quand ils étaient cachés derrière les buissons et lançaient des baies sur les corbeaux ... Il sourit.

L'étalon noir demeurait cependant pensif ... du moins pendant quelques minutes. Il ne pensait pas à leur père, mais à une personne très chère à son coeur qui avait refait surface dernièrement après tant de silence.
Il se demandait s'il devait en parler à Soran, lui qui l'avait toujours compris, son frère le plus proche.
Ce dernier lui proposa de marcher. Il accepta, un sourire étira ses lèvres un moment, puis s'effaça.

-D'accord !

Dit-il en prenant le pas tranquillement.

Soran sourit, hocha la tête et se mit au pas, à marcher au coté de son frère. Il se sentait bien ici. Il voyait bien que Amadeus voulait lui dire quelque chose, mais apparemment, il ne voulais pas en parler. Alors Soran se contenta de se taire. Lui aussi voulait parler de quelque chose, mais il n'y arrivais pas. Alors, il comprenait parfaitement Amadeus. Puis, il se souvint de son enfance, de leurs bêtises, de leurs fou-rires, à Amadeus et lui. Et il revoit aussi le regard de One qui les regardait méchamment, qui ne voulais jamais s'amuser. Pourquoi ? Mais le temps est passée maintenant. Soran sourit, et dit :

-Tu te rappelle, quand ont était plus jeunes, quand toi tu avait faillis te noyer dans l'eau et que moi j'avais sautée de la falaise pour te sauver ?!

Amadeus ne réprima pas un rire heureux lorsque Soran reparla de leur enfance. Ils avaient vecu des moments forts, des moments doux, des moments amusants... Ils partageaient une même histoire et ça se sentait, d'abord parce qu'ils étaient frères, mais en plus parce que quand ils étaient jeunes, ils passaient la plupart de leur temps ensemble et c'était ça qui maintenant leur relation.

-Bien sur que je m'en souviens. Je t'admirais pour ton courage ...

Dit-il, les yeux brillant de ces souvenirs qui revenaient. Le silence s'installa de nouveau pour quelques minutes, puis ... Amadeus se risqua.

-Soran ... ?

Soran rit lui aussi, heureux de la complicité qu'il entretenait avec son frère. Il lui avait tellement manqué, ils étaient si proches .... C'était grâce à lui que Soran n'était pas tombé dans la déprime et dans le silence, après la guerre. Il sourit, se rappelant milles et un souvenirs de son enfance. Le silence revint. Quelques minutes passèrent, et Amadeus parla. Soran tourna la tête vers lui, sourit amicalement et dit :

-Oui ?

Amadeus avait déjà confié auparavant les sentiments qu'il éprouvait pour Dalya ... Mais le temps avait passé, les choses avaient changé entre elle et lui et aussi clairs étaient ses sentiments avant la guerre à présent il était perdu, et il avait besoin d'en parler à quelqu'un.

- C'est à propos de Dalya.

(C'est court mais je dois y aller =S )

Amadeus eut un petit sourire puis il commença à parler :

-Et bien ... Je l'ai revu recemment. Pendant tant d'années j'ai essayé de l'oublier, mais je me rend compte, en la voyant, en lui parlant, que c'est bien plus dur que ça. Je ne sais plus du tout quels sont mes sentiments pour elle, c'est confus.

Il pensait que tous ses sentiments s'étaient évaporés pendant son absence, pendant ce temps où ils ne s'étaient pas vu, et quand il l'avait retrouvé tout lui revenait en pleine figure, si bien qu'il ne savait même plus quoi en penser.

Soran l'écouta attentivement. Il avait l'impression d'être dans le rôle du psychiatre et Amadeus le rôle du patient. Il sourit à cette pensée, puis se concentra sur ce que son frère lui avait dit. Soran regarda l'horizon, pensant à toute vitesse. Que pouvait-il bien lui répondre ? Lui donner des faux espoirs ? Non. Il se contenta de dire :

-Je te comprend. Tu sais, je l'ai revu et .... je croit que c'est la même chose pour elle, Amadeus. Mais tu sais, tu devrais mettre tes pensées au clair ... vous n'allez pas rester longtemps comme cela, quand même !

Mettre ses pensées au clair .. Il y avait pensé souvent, il en revenait aux mêmes conclusions : il l'aimait, mais à chaque fois qu'il la revoyait, tout se chamboulait, alors il ne comprennait plus rien. Et ... il s'en voulait, car contrairement à elle, il n'avait pas toujours été là. Il pensait surtout à la bataille avec One. Il n'était pas là pour la tiré des griffes de ce malade. Il ne cessait de remercier Soran en silence pour ça, mais sa culpabilité accroissait à chaque fois qu'il le faisait.

-Tu as raison.

L'étalon sourit, voyant son frère replonger dans ses pensées. Soran avait tellement envie de plus l'aider, mais il ne voyais vraiment pas comment faire. Alors, il se contenta de baisser la tête et d'observer le sol qui défilait devant lui quand il marchait. Une légère brise passa, faisant voler ses crins, qui retombèrent aussitôt sur son encolure. Ses yeux parcoururent l'horizon, à la recherche de quoi que ce soit, mais rien ne vint troubler son champs de vision. Il tourna la tête vers Amadeus, et dit :

-Dit lui ce que tu pense, dit lui tout, elle comprendra, j'en suis sûr.