Darkness ... ; (Amadeus)

Le desert neutre était un endroit que Amadeus appreciait beaucoup pour sa chaleur et son sable blanc extremement doux. Il y venait souvent pour se promener, comme aujourd'hu par exemple. Le soleil était plutôt haut dans le ciel et sa chaleur était envoutante, même dangeureuse car le vent ne soufflait pas. Au milieu de tout ce sable blanc, la robe de l'étalon frison ressortait parfaitement. Ses sabots ne faisaient pas le moindre bruit, étouffé par le sol.

Amadeus decela soudain une odeur plutôt familière, il étira l'encolure et huma de nouveau l'air pour gagner en précision. Dalya ? Il chercha une silhouette blanche au millieu de tout ce sable clair et la trouva au loin, à peine visible, qui s'approchait.
Elle était toujours plus belle, Dalya, gracieuse, douce et délicate, sa beauté devait faire des ravages, du moins c'est ce que le frison pensait. Il la rejoint au petit trot, puis s'arrêta devant elle, un nuage de sable flottait autour de lui.

Dalya... DALYA ... En la regardant de haut en bas, il ressentit un pincement au coeur. Elle qu'il avait aimé depuis sa tendre enfance. Il lui arrivait souvent de se souvenir de cette histoire. Non, pas une simple hisoire. Bien plus que ça. Un amour fort, une passion étincelante. Ce qu'il avait sans doute oublié pendant tout ce temps. L'oublier avait été bien dur, car c'était contre sa volonté. Cependant, en la regardant la flamme qui autrefois brûlait pour elle et elle seule, semblait éteinte, quelques braises subsistaient mais sans défence.

-Dalya.

Quelque chose pourtant semblait le rapprocher d'elle. La jument ne trouvant plus ses mots, Amadeus s'approcha doucement d'elle et colla ses naseaux aux siens avec affection.
Puis d'une petit voix, il répondit, pris d'une soudaine vulnérabilité face à elle :

-Tu m'as manqué.

Il resta un instant contre elle, puis se détacha lentement. Ce manque ... Combien de temps avait il essayé de le combler ? Trop longtemps.

Cette attirance subsistait, lui qui pensait que si les braises de son coeur que Dalya avait laissé se ranimait, ce serait sans doute un miracle, et bien peut-être pas. Quand il était contre elle, il y avait encore quelque chose... Mais le temps, à son grand regret l'avait attenué. Ses yeux se plongèrent dans ceux de la jument, et ne les quittèrent pas, comme s'il aurait voulu s'y noyé éternellement. Mais il se ressaisit et, sourire aux lèvres, il lui dit :

-Moi non plus. Mais je ne te cache pas que c'est un réel plaisir.

Dalya lui dit qu'elle avait revu Soran, lui aussi l'avait croisé recemment, ça l'avait réconforté et rassuré quant à ses soupçons d'une eventuelle bataille avec One. Il tressaillit rien qu'à y penser, il ne voulait pas qu'une telle boucherie ne se reproduise.
Il répondit :

-Moi aussi je l'ai vu ... Il semble en forme, ça me fait plaisir. Tu .. as croisé One ?

Amadeus se rappela alors l'horreur que One lui avait fait. Il recula d'un pas, ses oreilles s'agitèrent un instant avant de se stabiliser en avant. Il finit par se rapprocher puis il souffla sur les crins de Dalya en murmurant :

-Je suis désolé ... Je t'évoque de mauvais souvenir.

Il se détacha doucement de la jument, parfois il s'en voulait de ne pas avoir été là quand One l'avait attaqué et il lui arrivait de remercier Soran en silence, sans lui, elle ne serait peut-être pas là.

Peut-être ... Mais le frison ne pouvait pas s'empêcher de s'en vouloir quelque part. Il n'ajouta rien à ce sujet, préfèrant éviter de remuer le couteau dans la plaie.
Que dire ? Le silence s'installait déjà... Amadeus n'appreciait guère le silence.

-Tu as rencontré des chevaux recement ?

Amadeus se demandait justement si Dalya était dans un clan. Si elle en avait un, ce ne pourrait être que celui de Soran, il s'imaginait bien qu'elle n'allait pas aller dans celui de One.
Les yeux de l'étalon brillèrent d'une nostalgie soudaine qu'il ne pouvait lui-même pas expliquer, il regarda un instant le desert, les alentours, sans commenter ce que Dalya avait dit.

Amadeus se mit en marche aux côtés de Dalya, il ronfla doucement des naseaux. Ses yeux allaient de Dalya à l'horizon, de l'horizon à Dalya et ses oreilles s'agitaient d'avant en arrière.
Pourquoi tant d'agitation ? Aucune idée, il avait un mauvais pressentiment. Bientôt le calme revint... Il était prêt à parler, il était calme.

-Tu te rappelles du jour où on était partis en exploration dans la forêt des fées pour voir si on en trouvait ? On était encore poulains... C'est un de mes souvenirs les plus marquants.

-On était jeunes ... Insouciants. C'est ce que j'aimais.

Dit-il avec un brin de nostalgie dans les yeux qu'il ne voulait pas montrer à Dalya de peur de trop montrer ce sentiment qu'il redoutait : la nostalgie et les restes d'amour qui brulaient encore et menaçaient de s'enflammer à chaque instant.